FAUT-IL SAUVER LA CENTRALE DE FESSENHEIM ?

FAUT-IL SAUVER LA CENTRALE DE FESSENHEIM ?

LE CHOIX DU NUCLEAIRE

A l’origine, les centrales nucléaires dont la technologie remonte aux années 50 n’ont été sélectionnées ni sur des critères de rendement, ni sur des critères de sûreté, ni sur des critères de sobriété en déchet. L’Union Soviétique a opté pour une technologie de centrales à eau bouillante (Tchernobyl), avec une capacité de refroidissement très limitée. A l’époque, la sureté de ces centrales n’était pas la priorité de Staline et l’accident nucléaire vis-à-vis des conséquences humaines ou environnementales peu considéré. Il fallait facilement construire ces centrales et pouvoir les rendre rapidement opérationnelles.

La démarche occidentale et notamment celle de la France, initiée par le Général De Gaulle à la même époque, était de garantir l’autonomie énergétique du pays. ‘’Nous n’avons pas de pétrole mais des idées’’ Nos centrales ont surtout été pensées pour produire de l’énergie et être déployées avec un niveau de sécurité suffisant sur l’ensemble du territoire. Les centrales françaises utilisent la technologie dite à eau pressurisée, plus sûre.

PREMIERES MISES EN SERVICE

Fessenheim est entrée en exploitation en 1977. Mais le département du Haut-Rhin se trouve à moins de 100 km et donc dans le périmètre de risque technologique de 2 autres centrales nucléaires suisses plus anciennes. Beznau mise en service en 1969 dont la décision de fermeture vient d’être prise, Mühleberg, centrale à eau bouillante entrés en service en 1972. La centrale de Gösgen démarrée en 1978.

40 ans de service d’une centrale nucléaire ne correspond pas à la durée de vie maximum de ces installations mais au point d’amortissement théorique définit par EDF à l’époque. La Suisse et les Etats-Unis prévoient d’exploiter leurs centrales 60 ans. Les Etats-Unis sont actuellement en discussion avec les autorités de sureté pour passer à 80 ans.

Les Suisses ne sont pas connus pour la piètre qualité de leurs produits, l’absence de règles de sécurité ou pour exposer leur population à des risques inconsidérés.

Pourtant, ces centrales d’une conception ancienne, sans réel programme de mise en conformité exposent la France à des risques bien plus importants que ceux de Fessenheim. Dès lors, Si on veut rester cohérent avec la décision inepte de François Hollande de fermer Fessenheim, le rôle des pouvoirs public serait d’exiger de nos voisins de faire fermer leurs centrales qui sont bien plus anciennes. Mais personne ne parle d’obtenir de la part des autorités suisse la fermeture de ces installations.

CRITICITE DES INSTALLATIONS NUCLEAIRES : LE REFROIDISSEMENT

La sécurité des centrales nucléaires repose sur un principe essentiel qui est le refroidissement du cœur afin d’empêcher l’emballement de la réaction. Si on perd le refroidissement, on perd la centrale. Deux des trois accidents nucléaires majeurs de notre histoire, Three Miles Island, et Fukushima ont tous en commun la perte du refroidissement. Deux technologies cohabitent aujourd’hui dans le monde, les centrales à eau bouillante comme Tchernobyl (refroidissement jusqu’à 100°C qui correspond à la température d’ébullition de l’eau) et les centrales à eau pressurisée qui peuvent continuer de refroidir le cœur jusqu’à environ 400°C.

La France, avec le surrégénérateur Phoenix, avait même développé un système de refroidissement utilisant du sodium liquide et pouvant assurer le refroidissement du coeur jusqu’à une température de 1000°C. Les études ont été reprises avec le programme ASTRID pour les centrales de 4ème génération sur le site du CEA à Marcoule
Afin d’assurer le refroidissement il faut faire circuler l’eau dans les circuits avec des pompes. Ce sont ces pompes qui ont fait défaut à Fukushima lorsque le tsunami a noyé les générateurs censés continuer à alimenter les pompes en cas de défaillance de la centrale.

LA SURETE DU PARC NUCLEAIRE FRANCAIS

L’EPR est une nouvelle génération de centrales nucléaires où les niveaux de sécurité ont été poussés à leur paroxysme. On est en droit de se demander si en fin de compte la centrale nucléaire la plus sûre ne serait pas celle qui ne rentrera jamais en service ?

Sans aller dans ces extrêmes, il est à noter que contrairement aux allemands ou aux suisses, la France a fait bénéficier l’ensemble de son parc nucléaire de la mise à niveau des installations pour respecter à la fois les évolutions technologiques et le retour d’expérience sur les différents accidents liés à cette activité. La mise à niveau post-Fukushima étant la dernière en date.

La centrale nucléaire de Fessenheim aujourd’hui (plus ancienne centrale nucléaire de France encore en activité), n’a plus rien à voir avec la centrale construite il y a 40 ans.
Les équipements de la centrale ont été changés régulièrement pour refléter les règles de l’art. Les niveaux de sécurité ont été rehaussés pour être conformes aux règlementations et exigences actuelles. Les contrôles réguliers des équipements sont effectués et revus en fonction du retour d’expérience. Les niveaux de protection ont été mis en accord avec les menaces actuelles (comme les attentats terroristes) avec le déploiement d’un peloton de gendarmerie exclusivement dédié à la sureté de l’installation.

LE RISQUE NUCLEAIRE

Il n’est bien entendu pas question de dire qu’une centrale nucléaire ne présente aucun risque et que nous ne sommes pas à l’abri un jour d’une catastrophe nucléaire majeure.
Mais le risque reste tout à fait acceptable si on prend en compte les conséquences humaines et surtout écologiques d’une telle catastrophe. Si on comptabilise le nombre de victimes d’accidents nucléaires civils depuis 60 ans, on est à moins de 5000 morts soit 80 morts/an. L’exploitation de l’énergie fossile depuis 150 ans a causé quand à elle plus de 7 000 000 morts soit 46 000 morts/an.
A titre de comparaison, il y a environ 3000 morts par an sur les routes de France et cela ne nous empêche pas de prendre notre voiture.

Il faut comparer la centrale nucléaire à l’avion et la centrale thermique à la voiture. On sait tous que l’avion reste le mode de transport le plus sûr à ce jour mais dans l’imaginaire collectif il est plus dangereux de prendre l’avion que de se rendre à son travail en voiture.

Enfin, il faut comprendre que depuis le premier jour de mise en service de nos centrales nucléaires nous avons mis un pied dans l’inconnu et que tous les jours nous enrichissons nos connaissances sur le fonctionnement et les capacités de nos centrales.
Fessenheim pouvant continuer à opérer de façon parfaitement sûre avec des coûts de maintien en condition opérationnelle raisonnables, il est essentiel de maintenir cette centrale en activité afin de nous permettre d’améliorer la sureté de l’ensemble du parc nucléaire français et décider de façon raisonnée la prolongation ou non de la durée de vie de nos centrales.

LA TRANSITION ENERGETIQUE ?

La transition énergétique, cette belle utopie qui sera peut-être un jour possible, n’est malheureusement pas prévue pour les prochaines décennies. Les prévisions à 50 ans estiment à 600 le nombre de centrales nucléaires qui seront en service à travers le monde.
Ce n’est malheureusement pas en fermant nos centrales nucléaires que nous réussirons à inverser le mouvement ou accélérer la transition énergétique. Vouloir priver notre pays d’une technologie que nous sommes les seuls à parfaitement maîtriser, tout en garantissant notre indépendance énergétique et saborder ce qui reste de notre industrie, est tout simplement inacceptable. Le nucléaire fournit aujourd’hui une base énergétique nécessaire au développement des énergies dites ‘’renouvelables’’.

Mais en l’absence de solutions de transition énergétique immédiatement applicables et dans le souci de subvenir aux besoins énergétiques de notre pays tout en maintenant notre indépendance, il est vital de garder opérationnel l’ensemble du parc nucléaire français.

CONCLUSION

A l’heure du réchauffement climatique, face à l’échec de nos voisins allemands à réussir leur transition énergétique, à la prolifération des centrales thermiques et à la surexploitation du charbon, les centrales nucléaires sont une réponse sérieuse et argumentée à la problématique de l’énergie.
- Il n’y a à ce jour aucune raison valable de fermer FESSENHEIM
- Ni raison économique
- Ni raison de sécurité
- Ni raison technologique
- Ni raison environnementale
- Ni raison sociale
La raison est idéologique et la décision politique.

Mais nous ne sommes plus à un mauvais choix près de la part de Monsieur le Président François Hollande, en espérant que cela ne devienne pas un prétexte pour tenir au moins une de ses promesses de campagne.

Article rédigé par Alain BUCHER

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